PRÉSENTATION



Les 13 et 14 novembre prochains, aura lieu à l’université Paris Diderot – Paris 7 et au Centre Culturel Calouste Gulbenkian à Paris, le colloque international Manoel de Oliveira – L’invention cinématographique à l’épreuve de la littérature. Cette rencontre, qui précèdera de quelques semaines le moment où le cinéaste fêtera ses cents ans, constitue le premier colloque universitaire en France à être entièrement consacré à l’œuvre du grand réalisateur portugais.
Organisé par Claude Murcia, António Preto et Régis Salado, le colloque réunit plusieurs des principaux spécialistes de l’œuvre, ainsi que des critiques de renom – Jacques Lemière, Mathias Lavin, Yann Lardeau, Antoine de Baecque, António Preto, Pedro Guimarães, Jacinto Lageira, Regina Guimarães, entre autres – et il comptera également avec la participation de João Fernandes, Directeur du Musée d’Art Contemporain de Serralves à Porto et commissaire de l’exposition Manoel de Oliveira présentée cet automne au Musée.
Plusieurs projections de films de Manoel de Oliveira accompagneront le colloque, des ateliers d’analyse filmique animés par Regina Guimarães et António Preto seront proposés au public le jeudi à l’université Paris Diderot et le vendredi au Centre Gulbenkian, où la manifestation se conclura par une table ronde modérée par Pierre Léglise-Costa.

Les travaux seront centrés sur l’un des axes fondamentaux du travail de Manoel de Oliveira : les relations tissées entre cinéma et littérature.

Auteur d’une cinquantaine films réalisés en près de huit décennies d’activité, Manoel de Oliveira est le seul réalisateur en activité à avoir effectué le passage du cinéma muet au sonore. Le cinéaste a ainsi accompagné, et lui-même mis en œuvre, nombre des transformations techniques et esthétiques qui ont marqué l’histoire du cinéma tout au long du siècle dernier. A cet égard, son œuvre peut aussi être considérée comme une synthèse de l’histoire du cinéma. Tandis que les premières années de sa longue carrière sont dominées par le registre documentaire et par la valorisation de l’abstraction des images en mouvement, portant à un haut degré d’accomplissement le cinéma de montage – de Douro, Travail fluvial de 1931 à Le Peintre et la ville de 1956 et Le Pain en 1959 – , il s’oriente ensuite dans les années soixante-dix, à partir de Le Passé et le Présent (1972), vers l’adaptation cinématographique de textes littéraires. Des films tels que Amour de perdition (1978), Francisca (1981), Le Soulier de satin (1985), La Divine comédie (1991), Val Abraham (1993), ou plus récemment Le Principe de l’incertitude (2002) et Le Miroir magique (2005), prennent appui sur le texte comme élément structurant et recourent à des matériaux littéraires aussi divers que le roman, le texte dramatique, les écrits épistolaires, le sermon ou la chronique historique. Parmi les nombreux écrivains dont Manoel de Oliveira a transposé les œuvres au cinéma, Camilo Castelo Branco, José Régio et Agustina Bessa-Luís (1) apparaissent comme les trois figures-clé autour desquelles s’est forgé l’univers oliveirien et se sont développées les singularités qui font sa modernité : l’imbrication entre fiction et documentaire, le croisement entre littérature, théâtre, peinture et cinéma, le jeu réflexif entre l’individuel et le social, le particulier et l’universel. A travers cette pratique où le cinématographique se pense à la fois en opposition et en accord avec le littéraire, Manoel de Oliveira nous donne à voir/lire un cinéma qui s’élabore dans la recherche et dans la transgression de ses propres limites.

Le colloque Manoel de Oliveira – L’invention cinématographique à l’épreuve de la littérature constituera un important moment de discussion et d’analyse de cette œuvre majeure en France, où Manoel de Oliveira est depuis longtemps reconnu et apprécié comme l’un des grands Maîtres du cinéma mondial.


(1) Camilo Castelo Branco, grand écrivain du romantisme portugais, est notamment l’auteur de Amor de Perdição, et c’est à ses derniers moments qu’Oliveira a consacré l’un de ses films les plus denses et les plus rigoureux formellement, O Dia do Desespero (Le Jour du désespoir).
L’œuvre de José Régio, poète, romancier et dramaturge qu’Oliveira a connu et admiré, est une présence régulière dans la filmographie oliveirienne (O Meu Caso/Mon cas , O Quinto Império sont des adaptations de pièces de José Régio).
Agustina Bessa Luís, romancière très prolifique et très respectée au Portugal, est comme Oliveira le portuense, originaire de la région du Douro, au nord du pays (elle est née à Amarante en 1922). La collaboration entre la romancière et le cinéaste a donné lieu à certains des plus beaux films d’Oliveira, à l’instar de Francisca, adapté du roman Fanny Owen, ou de Vale Abraão, adapté du roman éponyme d’Agustina Bessa Luís.

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